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De toute évidence...

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Morgoth
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Morgoth


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MessageSujet: De toute évidence... De toute évidence... EmptyMer 6 Déc - 3:51



De toute évidence... Silmar10



Cela faisait maintenant un bon moment, comme le témoignait la consternation sur le visage des autorités du bastion cachée, que la joute verbale allait de bon train. Des membres de la noblesse, des conseillers du roi et des seigneurs étaient sortis de la salle du trône, puis étaient revenus en espérant avoir trouvé la solution à cette altercation qui semblait sans issu. Les plus bouillants des seigneurs de Nargothrond avaient démordu ou s’étaient tout simplement énervés au point où les gardes étaient intervenus pour empêcher les assauts physiques. Les plus posés, eux, fronçaient les sourcils et figeaient leur visage dans une expression de fatigue et de désespoir. Définitivement, il s’agissait d’un conflit politique qui avait mis à l’épreuve plus d’une patience.

Au centre de la salle, au pied des marches qui menaient là où siégeait celui à qui revenait la responsabilité de la cité-forteresse en l’absence du roi, deux Noldor de grande taille se tenaient dans une aura d’écœurement et de mépris. Plus agacés que désespérés, Celegorm et son frère Curufin répondaient aux nobles qui se défendaient de leurs attaques verbales par des mots plus pointus et des affirmations encore plus déconcertantes. Quand un membre de la cours de Finrod Felagund levait le bouclier contre une insulte ou une accusation, les deux fils de Feanor se faisaient le plaisir de dévoiler au grand jour les torts et les fautes de ce dernier. Comme des juges auto proclamés, ces derniers apposaient les sentences ici et là en démembrant violemment le jeu politique qui voulait dissimuler des stratagèmes secrets et malhonnêtes. Furieux, on avait tenté de les arrêter, mais les curieux que les potins attiraient avaient alimenté le feu de la conversation, qui était devenue un brasier malsain.

En s’adressant au seigneur intendant, Celegorm qui avait imité une sorte de découragement et mimé le geste de finalement s’en aller, jeta un :

- Quelle sorte de roi laisse son allié, celui qui défend sa frontière la plus fragile, faire face presque seul à la menace du nord ? Êtes-vous seulement au courant, messires, du nombre de troupes que le roi Finrod Felagund a envoyé en Dorthonion ? Quelle disgrâce ! Autant rester chez soi, plutôt que d’envoyer une poignée d’hommes et de dire aux autres de rester confortablement assis dans leurs quartiers !

Un sursaut d’émoi et de frustration se fit entendre dans la cours du roi. Aussi, les deux frères n’avaient plus à capter l’attention de personne. Curufin, plus posé, poursuivit :

- Sous votre respect mon seigneur l’intendant de sa majesté, notre roi Finrod Felagund, semble être la victime de sa propre bienveillance légendaire. Oui, l’amour que notre roi porte pour son peuple est sans borne, ce qui le poussera toujours à poursuivre le meilleur des idéaux pour son merveilleux peuple. Or, en temps de guerre, des sacrifices sont nécessaires et il faut parfois savoir reconnaître un guide quand il est dans notre entourage.

Un silence fébrile et tendu s’était déjà emparé de l’audience. Curufin ne fit que dévoiler la conclusion logique à son discours.

- Une restructuration de la hiérarchie militaire est de mise dans ce royaume, chers confrères. Des mesures devront être prises sans plus tarder…

Il jeta un regard perçant à l’intendant et à son plus proche entourage, comme pour porter à leur cœur une menace sournoise.

- …car nos principaux partenaires économiques, nos frères les seigneurs d’Amon Ereb, ne verront bientôt plus l’intérêt de supporter en vivres et en ouvriers la cité de Nargothrond. Allons-nous laisser quelques faux pas de notre roi bien-aimé, qui ignore, malheureusement, toujours son erreur, mettre fin à des liens essentiels entre Nargothrond et nos frères de l’Est ?


C’est alors que Curufin, plus calme et plus fin orateur que son frère fit volte-face afin de s’adresser directement aux sujets du fils de Finarfin qui buvaient à présent ses mots.

- Vous tous nous avez accueillis, mon frère et moi, ainsi que mon fils, dans votre demeure en tant que réfugiés. Je vous ai promis de contribuer à la grandeur de votre cité en la bâtissant à la sueur de mon front. Avec les meilleurs d’entre vos forgerons, nous avons façonné maintes armes et armures dont la splendeur est désormais légendaire en Beleriand. N’est-ce pas le gage d’un amour profond envers les gens de cette cité ?

Il fit un pas vers les visages qui le regardaient, absorbés par la justesse de ses mots.

- Ne devrai-je donc pas me sentir supporté et aimé de vous tous quand notre grand roi reviendra ? Combien d’entre vous sauront lui rappeler le besoin criant de cette cité d’avoir moi et mon cher frère comme généraux de son armée ? Je me vois comblé de bonheur aujourd’hui, car je vois dans vos regards une amitié qui donne raison à notre intervention auprès de notre seigneur l’intendant.


Avant de se diriger vers la sortie, quand tous leur ouvrirent un passage à travers la foule, Celegorm qui s’était refroidi prononça quelques mots pour conclure.

- Nous allons nous recueillir auprès des forces militaires restantes, qui, elles, n’attendent que d’accomplir leur devoir auprès de la population. Déjà, plusieurs officiers nous ont fait part de leur désir d’instaurer une solide coopération.


Comme une tempête qui laisse subitement place à une éclaircie, le fatal duo disparut dans les couloirs sans laisser de trace de leurs manigances. Beaucoup, ce jour-là, voyaient la vérité dans les dires des fils de Feanor et les partisans de ces derniers à Nargothrond se faisaient dorénavant très nombreux.


Dernière édition par Morgoth le Mar 14 Juil - 20:24, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: De toute évidence... De toute évidence... EmptyLun 13 Juil - 20:16




Il n’était pas dans les habitudes de Finrod de disparaître de Nargothrond, ou du moins pas sans une justification solide. Pourtant ce jour, le Roi avait souhaité s’accorder un moment. Les évènements du Nord n’étaient pas sans conséquences pour la citée souterraine. Il le savait et en tirait des sentiments contraires. Il était évident et souhaitable que les liens restèrent forts entre les frères elfes, et pourtant Finrod ne pouvait qu’éprouver un certain regret à devoir sans cesse réagir à des évènements qui paraissaient lointains, pour certains fruits d’une imprudence de la part de membres de sa propre famille. Depuis le déclenchement d’un conflit important dans le Dorthonion, les habituels débats avaient repris de plus bel : prendre toute sa part dans ce conflit, au risque de tous être affaiblis, ou rester dans la même logique, souhaitant se fortifier pour avoir à répondre à un danger bien plus grand encore. Le Roi de Nargothrond n’avait pas de réponse simple à cette question. Il avait toutefois été conseillé depuis bien longtemps par les Valar. Ces conseils ne pouvaient être méprisés.

Il avait donc pris la décision de ne pas s’engager pleinement dans cette bataille, qui était également pour lui une trop directe manière de se souvenir de la tristesse qu’engendre la mort. Si Finrod avait lui-même pris la route de cette région nordique, il n'avait emmené avec lui qu'un nombre très limité d'elfes et avait l'intention d'observer et comprendre le Mal avant de le combattre. Les réactions ne s’étaient pas fait attendre. Elles étaient toutes naturelles et Finrod ne fut pas surpris lorsque, rentrant dans sa cité, il fut averti par son intendant des esclandres des fils de Fëanor. Il demanda qu’on lui restitue les dires des deux noldor et les écouta attentivement. Il en prit acte. S’il s’agissait naturellement pour ceux-ci de provoquer un débat sur la politique intérieure du Royaume de Nargothrond, leur revendications et les valeurs qu’ils défendaient ne pouvaient être méprisés. Finrod décida alors d’agir comme il l’avait toujours fait, ferme sur ses décisions, mais à l’écoute des remarques qui pouvaient lui être faites. Il comprenait également que beaucoup au sein de la cité commençaient à ne plus supporter les récits de certains réfugiés et des quelques survivants, narrant la difficulté des batailles, l’insuffisance des forces de la Lumière. Les événements du Dorthonion s'étaient conclus par de très lourdes pertes chez les elfes venus de Nargothrond.

Il s’agissait là d’un véritable dilemme. Il n’était, pour le Roi, pas acceptable. Il ne pouvait y avoir de contradiction entre les sentiments d’affection et de solidarité envers ses frères elfes et les conseils des Valar. Il décida alors de prendre un temps conséquent pour étudier la question, écouter les sentiments de chacun et les propositions de tous. Ce temps de réflexion pour une redéfinition de la politique du Royaume paraissait ainsi encore plus nécessaire. Il s’accompagna d’échanges épistolaires avec ses amis les elfes verts, ainsi que de longs moments de méditation, moments d’exception où le Roi noldor projetait son esprit au-delà des murs et des pierres de la cité pour mieux sentir quel était le poids du Mal et du Bien dans ces contrées.

Ainsi, la première de ces décisions fut de renforcer les forces armées du Royaume. L’ombre du Nord s’étendait, et au-delà même de l’aspect territorial. Le regard du Seigneur des Ténèbres était maintenant lucide et décidé. Il ne pouvait plus s’extirper de la pensée de Finrod. Sans aucune paranoïa ou même esprit belliqueux, mais en toute justesse et connaissance des enjeux, il paraissait essentiel de ne plus adopter une position seulement d’observateur, mais de devenir un acteur des évènements du Beleriand. Et cela pouvait se faire, le Roi en était convaincu, sans manquer de respect aux conseils si précieux des êtres de Valinor. C’est pour cela que, comme à son habitude, lorsque le paysage politique de la cité était calme, mais plein d’incertitudes, il décida de convoquer les deux fils de Fëanor qu’il hébergeait. Il était là question pour lui de mener les débats internes au Royaume, en s’assurant qu’ils restèrent conformes à sa vision des choses.

Avec une tenue d’or, une coiffure distinguée sans être extravagante, il entendit alors la porte de la salle du trône s’ouvrir puis se refermer. Les gardes avaient été mis au repos et l’immensité de la pièce se refermait sur les trois noldors. Dos à ses deux visiteurs, fixant la pierre si brillante qui surplombait son trône, il commençât alors :

« Mae govannen mes frères, Celegorm et Curufin, fils de Fëanor.

Je ne souhaite pas retenir beaucoup de votre temps. Comme vous l’aurez remarqué, j’ai depuis plusieurs lunes étudié et observé la terre sur laquelle nous vivons. J’ai entendu ceux avec qui nous la partageons, j’ai lancé mon regard dans toutes les directions pour mieux appréhender ceux qui souhaiteraient nous la retirer. J’ai aussi entendu vos dires, les remarques que vous avez formulées et leurs justifications, à plusieurs reprises. Je souhaite tout d’abord vous faire savoir que je les ai entendues, bien qu’elles entrent en conflit avec des décisions que j’avais pu prendre, toujours dans l’intérêt de mon peuple et de mon royaume.

Vous savez toutefois que je n’ai jamais été un seigneur sourd et que la contradiction des arguments ne m’est ni inconnue, ni insoutenable. J’ai donc décidé de vous exposer la vision, ma vision, pour Nargothrond.
»

Finrod marqua une pause, le temps de décrocher son regard de la lumière reflétée par la pierre pour le retourner vers ses deux invités.

« Il me parait aujourd’hui nécessaire de nous renforcer et d’établir des liens toujours plus étroits avec nos frères d’autres royaumes. Tous les jours, la sûreté de notre cité est de moins en moins garantie. Le secret qui entoure la localisation de Nargothrond ne pourra pas être entretenu éternellement. Les Ténèbres sont à l’affut de la moindre de nos traces pour nous traquer. Je ne laisserai pas mon peuple devenir gibier. C’est pour cela que j’ai pris la décision d’agrandir largement nos forces armées. Cet héritage qu’est la forge et nos techniques de combat ne doivent pas être perdues. Elles ne sont toutefois pas la preuve d’une soudaine envie de mener bataille.

Je suivrai les conseils que j’ai reçu de Valinor, nous ne prendrons pas le risque de nous présenter nus devant les forces des Ténèbres. Tout laisse cependant à penser que pour cela, nous ne pourrons pas éviter de prendre les armes. J’espère ne pas vous réjouir par ces propos. Si je vous les tiens, c’est parce que je vous considère et j’aimerais que vous preniez également part à la forge de cette défense pour Nargothrond.
»

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Morgoth
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MessageSujet: Re: De toute évidence... De toute évidence... EmptyMar 14 Juil - 20:18



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Le silence avait ponctuellement regagné les deux frères, qui, le regard baissé, avaient écouté le discours du souverain de Nargothrond. Ils étaient sidérés par le calme et le ton posé du fils de Finarfin, qui revenait d’une bien sanglante épopée. Dans le confort des grottes qui leur donnaient hospitalité, Celegorm et Curufin ne pouvaient que s’imaginer ce que le front du Dorthonion avait été. Or, la contenance de Finrod bousculait leurs plans, tout comme le faisait le calme du grand roi blond doré. D’un côté, l’instabilité qui aurait pu jouer en leur faveur s’était volatilisée au retour du souverain. D’un autre, quelque chose leur indiquait qu’il y avait dans le discours de Finrod des éléments à l’avantage des deux frères.

Avec la plus grande politesse, Curufin, artisan de renom et père de l’enfant prodige Celebrimbor, s’avança dans une révérence :

- Mon roi, votre ardeur à protéger votre peuple se fait sentir jusque dans la moindre parcelle de mon être. Vous êtes un protecteur sincère.

Il s’inclina encore davantage.

- Vous connaissez les talents de mon fils, qu’il a hérité de notre père, le plus grand forgeron que Arda ait connu. Soyez certain, mon roi, que ma famille et moi mettront à l’œuvre toutes nos connaissances pour la sécurité de Nargothrond.

Celegorm le rejoint à ses côtés, empruntant aussi un ton révérenciel, comme pour peindre sa couleur dans les mêmes teintes.

- Il va de soi que les intérêts de notre famille sont en ligne avec ceux de votre royaume, car nous partageons un ennemi commun. Je ne pourrais être plus en accord avec votre discours et les décisions qui en découleront.

Il y avait cette lueur dans les yeux de Celegorm, qui trahissait son désir d’ajouter à ces paroles, mais qui, patiemment, attendait une réponse de Finrod avant de répliquer. Il mesurait mieux ainsi quelle posture adopter et se maintenaient dans une neutralité plus blindée. Ce fut donc Curufin qui ajouta :

- Je suis certain que lors de votre voyage de retour, qui a été long et ardu, vous aviez les yeux rivés vers le sud. Je ne peux m’imaginer la terreur qui grondait dans votre dos, au nord…


Celegorm reprit :

- Il se peut que le mal qui émane des ruines de Minas Tirith vous ait épargné, vous qui vous vous êtes empressé de mettre vos hommes en sécurité. Mon seigneur, croyez-moi, ces ténèbres sont cependant bien présentes là-bas. Chaque jour, des sentinelles périssent contre d’effroyables créatures de la nuit. Nargothrond ne sera pas cachée encore longtemps tant que les murs de Tol-in-Gaurhoth sont debout !

Les deux fils de Fëanor étaient conscients que leurs paroles étaient lourdes de sens et qu’ils avaient devant eux un bien sage membre de leur espèce.

- Mon roi. Permettez-nous d’assembler une ligue avec l’aide nos frères et de mener un assaut sur Tol-in-Gaurhoth qui assurera une plus grande paix dans le Beleriand de l’ouest. C’est l’intervention qui garantira la paix la plus durable en ces terres de malheur. Peut-être même que les seigneurs Fingon et Thingol se joindront à nous !
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Finrod Felagund
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MessageSujet: Re: De toute évidence... De toute évidence... EmptyMer 15 Juil - 16:09




Il n’était pas étonnant de voir les deux fils de Fëanor désorientés par le calme du Roi de Nargothrond, alors que leurs propos, à plusieurs reprises, n’avaient pas été d’une modération remarquable. Car Finrod savait que le plus dangereux pour sa cité était la division. Ce furent les conflits internes aux royaumes elfes qui les affaiblirent. La discussion avait de positif qu’elle amenait vers un consensus. Elle devenait dangereuse quand elle n’avait pour résultat que des opinions polarisées et irréconciliables. Peut-être le Roi avait été trop naïf de croire pouvoir résonner les elfes à l’âme brulante qui se tenaient devant lui. Il ne le pensait pas. La raison avait pu se perdre à quelques reprises dans cette partie de la famille, mais elle n’avait pas disparue. Finrod le remarqua lorsque les deux noldors convoqués furent apaisés de se sentir considérer. Il fut heureux d’apprendre qu’ils acceptaient de participer à une entreprise de reconstitution d’une force puissante et imposante au sein des défenseurs de la Lumière. Il acquiesça et sourit lorsque Curufin lui confirma cette volonté. Il répondit alors très simplement après que Celegorm ait également soutenu cette vision.

« Vous l’avez dit, notre ennemi est commun. C’est pourquoi il essentiel que toutes les forces vives soient associées. »

Les deux fils de Fëanor poursuivirent. Le moins mesuré des deux ne put se contenir et lança alors cette demande qui laissa les sourcils de Finrod se froncer légèrement. Elle émanait comme si les paroles du Roi n’avaient pas été entendues. Il laissa des hôtes expliquer leurs vues, respectueusement. Il ne pouvait toutefois pas s’empêcher d’éprouver un regret. S’il les avait convoqués, ce n’était pas pour leur demander de prévoir un plan d’offensive. Il avait pensé être très clair là-dessus. Pourtant, l’étonnement qu’aurait pu provoquer cette demande n’était pas présente. Il s’agissait là d’états de pensées et d’actions différentes. Comment les réconcilier ? La question restait en suspens alors que Finrod prit la parole en n’ayant laissé que quelques secondes d’un silence lourd avant, d’un ton ferme mais qui se voulait explicatif :

« J’ai en effet vu, encore tout récemment, de quoi sont capables les forces des Ténèbres, les forces ennemies. Vous le savez, je ne partage pas leur avidité de sang. Je suis convaincu que cela devrait être le cas de tout être vivant dans cette cité. C’est bien pour cela que je ne considère pas l’attaque comme la meilleure des défenses. Je vous ai exprimé ma volonté de ne pas nous laisser dépérir en ces terres si incertaines. Elle entre malheureusement en contradiction avec vos demandes. »

Il marqua une pause afin de s’avancer d’un pas délicat vers les fils de Fëanor.

« Qu’attendent les Ténèbres pour lancer de larges offensives sur ce royaume, comme sur tous les autres ? Pourquoi et comment Angband gagne-t-il toujours plus de terrain ? Quelle est cette chose qui ne nous permet plus de résister et contre-attaquer ?

Je vous pose ces questions, à vous. Quant à moi, je vous livre ma réponse, forgée par l’expérience et le temps, par la douleur et par les conquêtes passées. D’un côté, c’est que nous ne pouvons plus nous permettre de prendre des risques. Ces risques se concluent toujours par des âmes qui disparaissent. Ces âmes sont d’autant moins de forces que nous pouvons avoir. Ce sont des amis, des familles qui perdent espoir.

De l’autre, c’est que notre sécurité et celle de mon royaume est garantie par le secret qui l’entoure. S’il ne sera pas éternel comme je vous l’ai dit, je ne le laisserai pas disparaître aussi vite. Imaginez être capturés, vous ou n’importe lequel de nos valeureux guerrier. Il suffit d’un seul d’entre nous pliant et la localisation de notre citée sera connue, et nous verrons les armées en flamme venir détruire et répandre le sang partout.
»

Il était inconcevable pour Finrod de prendre l’initiative, sans savoir qui la suivrait, d’une attaque sans renseignement aucun, dans un flou le plus total, amenant à un risque on ne peut plus grand. Si les fils de Fëanor interprèteront cela comme un signe d’une faiblesse, c’est une faiblesse collective face à un ennemi que l’on croyait trop connaître mais qui surprit tous. Il était devenu clair pour le Roi de Nargothrond, et c’était la condition, la position raisonnée qu’il s’était donnée, que toute offensive ne pouvait se faire sans tout d’abord établir des liens forts et une confiance forte entre de nombreux royaumes alliés. Que si une telle offensive devait avoir lieux, elle ne devait absolument pas mettre en péril la cité souterraine.

« Je ne peux donc pas répondre favorablement à votre demande, ce qui n’est toutefois pas la preuve d’une si grande dichotomie entre nos raisonnements. J’ai ainsi l’intention de mener tout d’abord des missions de renseignement très précises pour pouvoir agir, s’il le fallait, en connaissance de ce que nous aurions à affronter. »

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MessageSujet: Re: De toute évidence... De toute évidence... EmptyDim 19 Juil - 14:39



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Il n’y avait plus de terrain à gagner. Ils se trouvaient devant un mont aux racines profondes, qui ne se mouvrait pas sous l’influence de puissants vents. Le roi était là devant eux, fier, paisible et sage. La Maison de Finarfin avait donné naissance à de bien puissants individus, qui portaient toujours en eux la voix de Valinor et la clairvoyance des anciens jours. De toute évidence, les fils de Fëanor avaient assez parlé ce jour-là.

- Mon roi, nous vous demandons la permission de rejoindre un corps de sentinelle et de patrouiller dans les terres au nord jusqu’à Brethil.

La demande était insistante, peut-être teintée d’une impatience ou de l’amertume de la défaite. Curufin ne parlait plus et laissait s’exprimer celui qui faisait une dernière tentative de requête.

- J’ai de nombreux amis parmi les bêtes de la forêt et je connais les voies des oiseaux, leurs sentiers dans l’immensité. Je pourrai être d’un grand service pour vos sentinelles.

C’était-là une demande plutôt importante, car les terres sauvages renfermaient mille et un dangers. Les conséquences d’un accident seraient politiques, si les deux Fils de Fëanor venaient à trouver malheur. Or, les deux frères semblaient résolus à quitter, maintenant que plus rien dans l’enceinte de ces murs ne leur donneraient raison.

- Le grand Huan ne pourra être qu'un grand compagnon pour vos hommes, ajouta le blond chasseur.

Ils s’inclinèrent, puis mirent leur patience entre les mains du seigneur des cavernes.


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