Nom : Maglor (forme Sindarin de Makalaurë)
Âge : Né durant l’âge des Arbre
Race : Ñoldo
Langue(s) parlée(s): Quenya, plus précisément, le dialecte "Fëanorien". En Beleriand, il apprit le Sindarin.
Localisation : Himring
Lieu de naissance : Tirion
Ataressë: Kanafinwë - káno “Finwë à la voix forte/impérieuse”, en relation avec ses talents de chanteur.
Amilessë: Makalaurë “forgeant l’or” car la musique qu’il jouait de sa harpe était si belle qu’elle semblait d’or.
Epessë: Fëanáro,nom qu’il lui fut donné à Tirion, en raison de sa grande ressemblance physique avec son père. Malgré que Maglor n’ait jamais accepté ce dernier, c’est pourtant par celui-ci que beaucoup le connaissent en Beleriand.
Rang: Prince Ñoldo
Allégeance : Maison de Fëanor
Mon âge : 25
Je fais du Rp depuis : 4ans
Autre chose :
J'ai besoin d'un tuteur : Peut-être ?
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Caractère et physique
Physiquement, tout laisse à croire que Kanafinwë est le portrait craché de son père. Non seulement, a-t-il hérité de tous les traits de visage de Fëanor, mais de plus, il arbore les mêmes cheveux, longs, aussi noirs que le crépuscule, et ondulés. Si bien que cela lui valut l’epessë de Fëanáro (ou Fëanor), tout d’abord, de la part de ses cousins, avant que le nom ne se répande dans tout Tirion, et plus tard, en Beleriand. Pourtant, si semblables soient-ils, aucun feu de brûle dans ses yeux, mais à la place, ils semblent contenir une mélancolie qui ne cessa de croître au fur et à mesure que les années apportaient avec elles le poids du terrible destin qui devait s’abattre sur lui et sa famille.
Peu confiant en lui-même, bien qu’il s’efforce de ne pas le montrer, Maglor n’accorde que peu d’importance à son apparence. Le plus souvent, il garde les cheveux lâchés, simplement, et ne porte que peu d’artifices.
Cette faible estime se ressent dans sa façon de gérer ses affaires; il n’est pas très organisé, et dans ses appartements, il a tendance à laisser traîner ses affaires un peu partout, ce qui a parfois le don d’agacer ses frères, surtout Maedhros.
Par dessus tout, il apprécie les tons doux du bleu pâle, plutôt que les teintes criardes du rouge, pourtant couleur emblème de sa famille. Camouflé sous sa tunique, il porte toujours sur lui, un pendentif d’or et d’argent à l’image de l’étoile à huit branches, dont le centre est serti d’un rubis rouge. Celle-ci était un cadeau de son père, que Fëanor forgea lui-même pour ses sept fils; chacun en ayant reçu une réplique. Ce bijou porte en lui le souvenir de son défunt père, mais aussi, il est pour Maglor l’une des choses qui l’uni à ses frères quand ils sont loin, et il ne s’en sépare jamais. Plus qu’à leur prix, Maglor accorde une grande valeur sentimentale aux choses, ainsi, une simple couverture rouge de soie peut-être plus précieuse pour lui que toutes les gemmes du monde, fusse t’elle cousue par sa mère.
Si n’importe quel elfe ne le connaissant pas pourrait croire qu’il n’est qu’une seconde version de son père, en réalité, il n’en est rien. De lui-même, Maglor n’a jamais accepté le nom de “
Fëanáro”, qui malgré tout l’amour qu’il porte à son père, pèse plutôt sur ses épaules comme un terrible fardeau. Car en vérité, Maglor a toujours été le plus éloigné du tempérament impulsif de Fëanor, et ceux qui essaieraient un temps soit peut de voir au delà des apparences, se rendraient vite compte que de personnalité, il est l’antonyme même d’un
« esprit de feu ». Ayant hérité du caractère doux de sa mère, Maglor parle peu, et ne se mets rarement en colère. Il essaiera toujours, autant que possible, de régler les problèmes de manière pacifiste plutôt que par le conflit, ou par la guerre, pour laquelle il éprouve la plus grande aversion, hormis quand il s’agit de protéger les siens.
Plutôt que par la parole, c’est par la musique qu’il a toujours exprimé le plus ses sentiments. Un don qui lui fut précocement inné, depuis même l’âge où il fut assez grand pour tenir une lyre dans ses mains. Pourtant, même avant cela, Maedhros raconte qu’il passait déjà son temps à inventer toutes sortes de chants, art pour lequel il montrait déjà un talent certain. Ainsi, sa mère lui fit grâce de l’amilessë Makalaurë, et son père, lui donna l’ataressë de Kanafinwë. C’est par ces noms là que Maglor s’identifie, car ils représentent qui il est réellement.
Néanmoins, nuls chants ne resteront plus précieux que ceux que lui chantaient Nerdanel dans sa jeunesse. Son fëa se rappelle chacune des paroles de celles-ci, et quand il a le plus besoin de se rassurer, il lui arrive encore d’entonner celles-ci, tout en se berçant doucement.
Étant le plus introverti des sept fils, Maglor a toujours été très solitaire, et il a toujours eu beaucoup de mal à nouer des relations en dehors de sa famille. Plus qu’un frère, Maedhros a toujours été son ami le plus proche. Avant la naissance de Tyelkormo, c’est avec lui que Maglor a partagé une bonne partie de son enfance; quand ils n’étaient encore rien que tous les deux. Nelyafinwë est aussi le seul qui parvienne réellement à comprendre ses pensées, et avec qui peut entièrement se confier, sans filtres.
Sa famille ayant toujours été tout ce qu’il a de plus cher, il n’hésiterait pas à les suivre jusque dans la mort s’il le faut, plutôt que de les trahir, et devoir se séparer d’eux. Ce, malgré toutes les atrocités perpétrées, qui on laissé en son âme des cicatrices qui jamais ne se refermeront complètement.
Pourtant, de nombreuses fois, il aurait souhaité que les Silmarils n’aient jamais existés, que son père n’eut jamais été le fils de Finwë, ni même le plus doué des Quendi, mais qu’il ne fût qu’un simple forgeron, linguiste, ou qu’importe. Ainsi, de nombreux troubles leur auraient certainement été épargnés, et peut-être vivraient ils encore tous ensembles, avec sa mère, son père, et ses frères dans le bonheur et la quiétude, habitant leur belle demeure à Tirion.
Histoire
S'il est une chose que je ne regretterai jamais assez, une époque de ma vie à laquelle je souhaiterais plus que tout revenir, ce serait celle de mon enfance. La
fleur de mon innocence, alors que nous vivions encore, réunis dans notre belle demeure à Tirion. Je me rappelle encore des soirées que nous y passions près de l'âtre, à écouter Père nous raconter ses nouveaux travaux de linguiste, bien que la plupart du temps nous n'y comprenions pas grand choses. Mais aussi, les histoires que nous racontaient notre grand-père paternel, datant des jours avant les jours, alors que notre peuple vivaient encore sur les lointaines terres au-delà de la mer. A nos yeux, un temps obscure et mystérieux, bien avant notre naissance, et avant même celle de nos parents. L'excitation des enfants que nous étions, lorsque nous regardions mère modeler les figurines de nos rêves, avant de les peindre nous-mêmes avec son aide. Les histoires que mes frères et moi inventions ensuite tous ensembles avec celles-ci. Et puis, notre coin secret, dans les bois de mellyrn aux alentours de Tirion, et la cabane que nous y avons construits en haut de l'un des arbres plus petits. Rien ne semblait pouvoir ébranler la paix qui régnait à cette époque pourtant si éphémère, et le bonheur semblait ne pas avoir de fin.
Mais ce qui marqua le plus mes souvenirs, c'est lorsque Père nous emmenait avec lui pour de longues expéditions au delà de Túna, et jusqu'aux confins du royaume bienheureux des Valar. Nous y cherchions des gemmes, ainsi que tous les trésors dont Aman pouvait receler, et dont Père de servait ensuite pour ses propres créations. Chacun de nos voyages durait plusieurs mois, et nous allions toujours plus loin, parcourant des endroits que nuls autres Quendi n'avaient certainement jamais encore explorés. Père brûlait d'une flamme insatiable de savoir. Il était toujours à la recherche de nouvelles choses à découvrir, de nouveaux secrets à percer, de nouvelles inspirations. Peut-être que c'est cela, qui contribua à faire croître en lui, plus ardent, le désir de conquérir les terres inconnues qui étaient à l'est, celles qui avaient vues naître les pères de notre peuple. Cette curiosité inextinguible est l'un des rares traits de personnalité que j'ai hérité de lui. Et peut-être le seul. Rien n'emplissait plus mon cœur de joie que de découvrir de nouveaux paysages inconnus, de nouvelles variétés d'arbres aux feuilles de milles couleurs, certains si hauts qu'ils semblaient percer les nuages. Des variétés de fleures innombrables, aux formes plus étranges mais aussi plus belles les unes que les autres. Maintes espèces avec lesquelles Tyelkormo s'exerçait à communiquer, que jamais ne verront ceux qui n'ont jamais mis les pieds au pays d'Aman. Tant de belles choses pour lesquelles mon esprit, a la cime de sa jeunesse et de son inventivité, concevait sans relâche de nouveau poèmes, pour les chanter en vers sur les cordes d'une lyre.
Mais je me rappelle également de la joie que nous avions quand, enfin, nous rentrions à Tirion. Mère, toujours, nous attendait avec impatience, devant les portes de la cité Ñoldorine, avec un présent pour chacun d'entre nous qu'elle avait confectionné en notre absence. Peu d'entre ceux-là m'ont suivis sur les rivages d'Arda, et ils me sont aussi précieux que le sont les Silmarils pour Père. Ensuite, nous rentrions tous ensembles, et nous passions la soirée assis près de la cheminée, à lui raconter nos aventures, et toutes les choses que nous y avons rencontré.
Mère, elle se trouve bien à l'ouest désormais, au-delà d'un océan infranchissable, sur les terres où nous sommes désormais bannis. Et qui tient encore notre maison, qui depuis maintenant longtemps, a été abandonnée ?
Comment les choses ont elles pu tourner ainsi ?
Depuis bien avant ma naissance, Père a toujours éprouvé une profonde aversion pour les enfants d’Indis. Findis, Fingolfin, Faniel, Finarfin, et Irimë. Respectivement, nos oncles, et nos tantes, mais nous n'avions pas le droit de les appeler ainsi. Père répugnait à considérer qu'ils puissent être ses frères et sœurs, même que de moitié. Pour lui, Indis était une sorcière qui portait l’enfer dans son cœur. Elle, ce remarriage infâme, et ceux qu’elle avait mis au monde, ils étaient les coupables, responsables de son malheur. Ceux par qui la faute, jamais plus Þerindë, sa mère, et ma propre grand-mere que je n’ai jamais connue, ne sera capable de revenir au monde. Pourtant, alors que nous approchions nous-mêmes de l'âge adulte, notre grand-père, lui, se désolait de la discorde qui persistait entre ses propres enfants. Ainsi, il eut l'idée d'organiser de grandes cérémonies familiales au sein de sa haute tour. Au départ, quand Père apprit la nouvelle, il avait refusé catégoriquement d'y mettre les pieds. Mais Mère avait fini par le convaincre. « Cela ferait plaisir à ton père », avait elle dit. Atar avait fini par céder, mais « seulement, et bien uniquement » pour Finwë. Durant tout le repas, nous nous étions tenus sur une table bien à l'écart de celle des autres, tandis que nos « oncles » et nos « tantes », eux, dînait tous ensembles en compagnie de leur enfants, qui semblaient d'ailleurs tous très bien se connaître.
Tout le long, la cérémonie avait été un fiasco. Au lieu de nous rapprocher, jamais je n'avais senti ma famille autant à l'écart de celles des autres. Pourtant, notre grand-père, lui, ne le voyait pas du même oeil, et était suffisamment ravis pour avoir l'idée d'en organiser de nouvelles. Ainsi, comme un rituel, à chaque début de saison, une nouvelle réunion familiale était organisée à la salle du feu de Finwë. Et à chaque fois, c'était toujours la même chose; Père passait son temps à éviter comme la peste les enfants d’Indis, qui eux, de leur côté, ne nous adressaient pas non plus la parole. La seule personne qui nous tenait compagnie était notre grand-père. Peut-être par culpabilité. Bien sûr, nous avions l'interdiction formelle de fréquenter les enfant de ceux que Père considéraient comme nos ennemis.
Si mes frères plus jeunes ne semblaient pas s'en affliger pour le moins du monde, préférant se fier à l'avis de notre Père, moi, mon cœur s'en attristait chaque fois un peu plus, et seul Nelyafinwë semblait partager ma peine. Bien que nous nous tenions à distances, à plusieurs reprises, j'avais entendus mes « cousins » rigoler entre eux des merveilleux moments qu'ils passaient tous ensembles. De ce que je comprenaient, ils avaient l'air de se fréquenter très régulièrement. Moi, qui n'avait toujours eu que mes frères, enviait secrètement leur réciprocité. Que cela n'en déplaise à Père, Fingolfin et Finarfin étaient eux aussi les fils de Finwë. De moitié ou non, leur enfants restaient nos cousins. Pourtant, je ne connaissait rien d'eux, et mon cœur brûlait d'envie d'apprendre à les connaître, et je me réjouissait même à l'idée, éventuelle, si improbable paraissait-elle, de nouer des liens d'amitiés avec eux.
Durant l'une de ces cérémonies, alors que Père était trop occupé à tenir la conversation avec notre grand-père pour prêter réellement attention à ce que nous faisions, j'avais trouvé le moyen de m'éclipser discrètement. Ainsi, le cœur battant, j'avais timidement rejoints mes cousins. A ma grande déception, je n'avais pas eu l'accueil que j'avais espéré. Peu enclins à l'idée de fréquenter l'un des fils de Fëanor - d'après leur dires - je m'étais fait refouler. Malheureusement, cela ne m'a pas complètement surpris, mais était-ce entièrement de leur fautes ? Eux aussi, étaient certainement influencés par l'avis de leur propres pères. Après tout, nous avions tous grandis au centre de ces querelles. C'est d'après cela que j'ai pensé que si je me montrait aimable avec eux, avec le temps, mes efforts finiraient peut-être par payer, et peut-être qu'ils finiraient par me voir différemment. Alors j'ai persisté, du moins un temps. Mais au lieu de s'améliorer, les choses n'ont fait que d'empirer. En fait, ce sont eux qui, les premiers, ont commencé à m'appeler par le nom de mon père, et ils restaient butés sur des stupides jugements hâtifs et superficiels.
J'ai fini par renoncer à l'idée de me rapprocher d'eux, mais pour la première fois de ma vie, quelque chose se brisa en moi.
Pourtant, j'allais bientôt découvrir que l'un d'entre-eux faisait encore exception. Fingon. Le premier des fils de Fingolfin. Je n'oublierais jamais la première de nos rencontres. C'était justement après l'une de ces festivités. Je me promenait seul avec Nelyafinwë, mon aîné, et celui d'entre mes frères dont j'ai toujours été le plus proche. Les rayons de Laurelin étaient à leur décadence, s'entremêlant à la lueur naissante de Telperion pour peindre le ciel étoilé d'or et d'argent. Nous arrivions vers l'extrémité nord de Kor, là où la vue plongeait pour se porter jusque dans les lointaines vallées, forêts et montagnes environnantes. Alors que nous dépassions les dernières bâtisses, nous fument interrompu par la musique d'une harpe solitaire. Sur le bord d'un muret surplombant le précipice, il elfe était assis de dos, ses longs doigts pincant les cordes d'une lyre. Les rayons des arbres miroitaient dans les rubans dorés de deux longues tresses brunes qui tombaient de chaque côtés de son visages. Celles-ci m'étaient familières, car si je ne lui avait jamais adressé la parole, de nombreuses fois, lors des banquets, je l'avais aperçu. Contrairement au reste de sa maison, il n'avait jamais démontré la moindre animosité à mon égard. Du moins pas ouvertement. Pourtant, je fut pris de surprise, lorsqu'il se retourna en notre direction, un sourire amical sur ses lèvres. Mais bien plus encore, en apprenant que Nelyafinwë le connaissait déjà, et paraissait-il, même très bien. Jamais je n'eut imaginé qu'il puisse y avoir une amitié entre l'un de mes frères et un des fils de Fingolfin, et encore moins avec celui que je pensais connaître le mieux. Pourquoi Nelyo ne m'avait il jamais rien dit ? Cette pensée me blessa légèrement, mais mon aîné me proposa ensuite de l'accompagner, pour aller visiter Fingon de nouveau. Ils semblaient se fréquenter régulièrement, et moi, je n'en avait jamais rien sû. Toujours est-il que depuis ce jour, et pendant un temps, nous eûmes coutumes de nous retrouver tous les trois. Bien sûr, Père n'en sut jamais rien. Pendant des heures, nous enchangions, surtout à propos de musique, car Fingon partageait ce même ... que moi. Bientôt, nous partagions mêmes les nouveaux poèmes que nous écrivons, mais également nos idées nouvelles, et nous les faisions ensuite vibrer harmonieusement sur les cordes de nos harpes. Mais les liens que partageaient Maitimo et Findekáno étaient plus profond que je ne pouvais l'imaginer. Une amitié impénétrable, si forte que, parfois, ils semblaient pouvoir se comprendre sans même prononcer un mot. Bien souvent, je me sentais à l'écart. Parfois, quand Fingon était là, c'était à peine si Nelyo faisait encore attention à moi. Alors, je finis par les rejoindre moins souvent. En fait, je jalousais un peu leur amitié. Car si Maedhros a Fingon, moi, je n'ai toujours eu que lui. Bien sûr, il y a Morifinwë, Tyelkormo, Curufin, Amrod et Amras, et je sais qu'ils seront toujours là pour moi. Mais avec eux, c'est différent. Je ne peux pas me confier autant que je ne le fais avec Nelyo. Malgré tout, je suis heureux que mon aîné ait trouvé un tel ami, et cela éveilla un espoir, qu'un jour peut-être, les tensions entre les maisons de Fëanor et celles des enfants d'Indis puissent s'apaiser.
Cet espoir ne persista pas longtemps. Hélas ! Le destin avait décidé que nulle pierre ne viendrait réparer le fossé qui régnait entre les deux côtés de la famille. Et celui-ci était tenace, et bientôt, il allait se creuser encore davantage et se faire plus profond qu'il ne l'avait jamais été.
À la même époque, mon Père était sur le point d'accomplir l'œuvre qui fera sa plus grande renommée. D'aucun racontèrent plus tard qu'il eut une prémonition quant à la disparition des arbres. Si ce fut réellement le cas, j'en doute, du moins, il ne nous en a jamais parlé. Toujours est t'il qu'il eût l'idée de façonner des joyeux capables de contenir leur lumière, afin de la rendre à jamais immortelle. Très vite, cette idée devint une obsession, et durant plusieurs mois, ses mains travaillaient sans relâches, jours et nuits, afin de parvenir à son but. Il s'enfermaient, et n'acceptaient plus de voir personne, en dehors de ses fils ou de son père. C'est à ce même moment que mère commença à s'éloigner de lui, et parfois, moi-même regrette l'existence des Silmarils, que moi et mes frères nous nous sommes pourtant juré de poursuivre. Quand il les eut terminé, ce fut là les plus beaux trésors n'ayant jamais vu le jour en Aman, et même les Valar en furent émerveillés. Varda les sanctifia, et Père en fut si fier qu'il en sertie sa couronne, et les joyaux ne le quittèrent bientôt plus. Nos expéditions, qui étaient devenue de plus en plus rares, cessèrent complètement, et quelque chose semblait avoir changé.
Les Silmarils, partout, Père les arboraient fièrement, et plus encore, durant les célébrations à la salle du feu. Les divergences entre notre maisons et celles de nos oncles s'amenuisaient. On chuchotait parmi les gens de Fingolfin et de Finarfin que Père était prétentieux. Bien que par derrière, Père en fut bien évidemment au courant, et il riait, rétorquant qu'ils étaient juste jaloux de son œuvre et de ses talents. Pourtant, au fond, je suis sûr que ces paroles le blessaient, car peu après, nous nous rendions de moins en moins souvent aux cérémonies de Finwë, et Père prétendait qu'il était trop occupé pour perdre son temps avec ce genre d'évènements futiles. A la maison aussi, les conflits étaient de plus en plus présents. Mère accusait Père d'être de plus en plus têtu, et de plus en plus irritable. Elle disait qu'il avait changé.
Au même moment, à travers les ruelles de Tirion, couraient d'étranges rumeurs. On racontait que si les puissants avaient amené les Eldar dans leur royaume, c'était en vérité par jalousie de leur dons, et de leur beauté, dont ils voulaient s'accaparer à leur propres fins. On disait aussi qu'une race nouvelle allait naître sur les terres de l'est, et que celle-ci y serait libre de gouvernance, remplaçant peu à peu les Eldar, qui eux, seraient condamnés à servir les Valar.
Nul ne savait quelle était la source exacte de telles paroles, et elles étaient assurément troublantes, mais je n'y prêtait pas attention. Je me fichais de savoir pour quelle raisons les Valar nous avaient amenés.
Bien curiosité m'avait toujours rendu enthousiaste à l'idée de découvrir de nouvelles choses, pourtant, rien ne me comblait plus que de retrouver mon propre foyer. Malgré les tensions qui persistaient au sein de la famille, j'étais attaché à Tirion. A notre maison. A la vie simple que nous y menions. J'aimais Aman, je me plaisait sous la lumière des arbres, je n'avais pas envie de plus.
Pourtant, tous ne furent pas insensibles à de telles paroles. Car pour la première fois depuis bien longtemps, se réveilla chez père, l'envie de découvrir de nouvelles terres. Hors, son regard désormais ne se portait plus sur Aman, dont il avait déjà découvert tout ce qu'il y avait à savoir, prétendait il, mais sur les terres inexplorées de l'est, qui paraît-il, étaient plus grandes, et pour certaines, encore sauvages.
Alors père commença à parler contre les Valar. Mère dit qu'il avait perdu la raison, et elle commença à s'éloigner de la maison. De plus en plus souvent, elle s'absentait pour prendre congé chez notre grand-père paternel; Mathan. Ses retours étaient de plus en plus rares, et de plus en plus courts.
Une fois encore, quelque chose se brisa. Ma propre famille se déchirait sous mes yeux, sans que je ne sois capable de faire quelque chose contre ça.
Comme si tout cela n'était pas déjà amplement suffisant, bientôt, de nouvelles rumeurs vinrent à naître, parmi nos gens, cette fois-ci, nous visant directement. « Prenez garde ! » claimaient certains de nos plus fidèles partisans. « Car à la salle du feu, Fingolfin et Finarfin calomnient le nom de Fëanáro ! Et j'ai eu ouïe dire qu'avec l'aide de leur fils, ils complotent avec les Valar, afin de prendre votre place, et bientôt, ils vous chasseront de Tirion ! »
Malgré toute la haine qui régnait depuis toujours entre notre maison et celles de nos oncles, il m'était difficile de croire à telle conspiration, mais cela faisait maintenant un peu plus d'une année que nous ne nous étions plus rendus à aucune cérémonies à la tour de Finwë, et qui sait ce qu'il peut bien s'y raconter ?
Suite à cela, plus que jamais, le désir des Terres de nos ancêtres se renforcèrent dans l’esprit de Père. Il parlait d’aller conquérir de nouveaux pays, où il pourrait régner librement, avec notre grand-père, sans être freiner par les fils d’Indis.
Secrètement, Père fit construire une forge, dont seul moi et mes frères ainsi que ses alliés les plus fidèles avaient connaissance. De ses mains, il forgea lui-même des épées. Des heaumes. Et des armures, portant fièrement l’étoile à huit branches, sigle de notre maison. Tout au nombre de huit. Pour lui, pour moi, et pour chacun de mes frères. Les choses étaient entrain de prendre une tournure inquiétante, et de mauvais pressentiments naissaient en mon esprit. Pourtant, jamais je n’avais imaginé qu’elles iraient aussi loin qu’elles ne le fussent par la suite.
Un moi plus tard, l’un de nos conseillers s’est présenté en hâte à notre demeure pour nous avertir que Fingolfin organisait un grand conseil conviant tous les Nobles de Tirion, mais aussi, Finwë, et Finarfin, ainsi que leur fils. Mais la maison de Fëanor, et elle seule, n’était pas invité. Père se rappela alors des paroles qu’il avait entendues par le passé;
À la salle du feu, Fingolfin et Finarfin conspirent contre le fils de Miriel . Il en conçut soudain grand peur, et s’écria d’un rire nerveux « Alors ainsi, le Fils d’Indis réunirait en une assemblée, tous les Nobles de notre grand peuple, mais le seul héritier légitime ne serait-il pas convié ? Qu’il en soit ainsi ! Tenez-vous prêts, mes fils, car de notre présence, nous lui ferons tout de même honneur ! Nous nous rendrons à ce ballet, et nous verrons par nous-mêmes ce que Ñolofinwë a encore à dire ! ». Hors, le conseil était prévu pour dans deux jours, et quand le moment fut venu, nous nous apprêtions sur nos montures, prêts à partir, comme Père nous l’avait ordonné. C’est alors qu’il nous eu rejoint, armé de la tête au pied, couronné d’un superbe heaume à plumes écarlates, le glaive à la ceinture. Ma poitrine se serra nerveusement. Nous engagions nos chevaux au galop en direction de la tour de Finwë où devait se dérouler l’événement.
Arrivés sur la place principale de Tirion, nous suivions Père qui dévalait en grandes pompes l'intérieur de la haute du tour du Haut Roi des Ñoldor. Mais alors que les battants de la grande porte d'entrée s'ouvrirent, voilà que les fables prirent soudain visage de vérité sous nos yeux. "
Mon roi et mon père, voudrez-vous mettre un frein à l'orgueil de notre frère, qu'on appelle trop justement Fëanáro, l'Esprit du Feu ? De quel droit parle-t-il au nom de tous, comme s'il était Roi ? C'est vous qui autrefois avez demandé au Quendi d'écouter l'appel des Valar. C'est vous qui avez conduit les Noldor à travers les périls des Terres du Milieu dans leur longue marche jusqu'à la lumière d'Eldamar. Et aujourd'hui, si vous ne le regrettez pas, il vous reste au moins deux fils pour honorer votre parole !". Ainsi résonnait la voix de notre oncle à travers la grande salle, tandis qu'un brouhaha naissait en murmures parmi l'assemblée. Alors, comme un éclat de verres, la voix de Père s'éleva parmi la foule, dévoilant soudain notre présence sous la confusion générale.
"
C'est bien ce que je pensais ! Mon demi-frère se mettrait contre moi, avec mon père, comme pour tout le reste !" Enflammé d'une colère soudaine, il traversa la salle en un éclair, dégainant son glaive de son fourreau. Pointant une lame acérée sur le torse de Ñolofinwë, sa voix fulminait en un écho de tonnerre "
Sors ! Et vas reprendre ta vraie place !" Les murmures se tussent. Les yeux médusés de la foule étaient tournés vers Père, abasourdis, mais les plus proches se portaient en notre direction. Et en la mienne. Les battements de mon cœur s'étaient accélérés, résonnant lourdement dans ma poitrine. Jamais auparavant, je n'avais autant ressenti l'envie, terrible, de me terrer à dix milles pieds sous terres. Je voulais disparaître, le plus loin possible, et jusqu'aux limites du monde. Ñolofinwë ne répondit pas. A la place, il se détourna, coupant à travers l'assemblée pour quitter la salle dans un silence de mort sans même un regard pour son aîné. Tremblant de colère, Père le suivit a l'extérieur. Alors, une nouvelle fois, le tranchant de sa lame effleura le col de la tunique de Arakáno, et ainsi parla t'il, haut et fort, la voix cinglante. «
Vois ! Voilà qui est plus aiguisé que ta langue ! Essaye une fois encore d'usurper ma place et l'amour de mon père et peut-être cette épée débarrassera les Noldor de celui qui se veut le maître des esclaves ! »
Si même encore aujourd'hui, ce moment reste marqué en un douloureux souvenir, c'est pourtant loin d'être le pire.
La tour de Finwë donnait sur la place la plus importante de la capitale des Ñoldor. Les paroles que Père avait proférées ce jour-là, nombreuses fussent les oreilles pour les entendre. Quelques semaines plus tard nous fumes appelés à être jugés au cercle du destin. Je ne raconterai pas ces événements en détails car ils font partis des plus douloureux. Fingolfin, Finarfin, leur enfants, ainsi que de nombreux d’elfes étaient présents, et je ne peux décrire par les mots le terrible sentiment de honte et le déshonneur qui m’envahit à ce moment là. La sentence tomba, prononcée par les Valar; durant douze années des arbres, nous serons bannis de Tirion.
Hors durant nos longues expéditions du temps jadis, Père avait fait construire une tour de relais, au nord de Valmar, où parfois nous nous reposions. Après avoir chargé montures et carrosses de nos affaires et trésoreries, grâce à l’aide de nos serviteurs, nous nous sommes installés en ce lieu. Mère, qui vivait déjà chez Mahtan à ce moment là, ne nous suivit pas. Mais notre grand père Finwë se joignit à nous. Parmis nos gens, Morifindo, autrefois forgeron à l’atelier de Mahtan, et proche ami de Père, désormais son bras droit, ainsi que Sanwendur, linguistique renommé de Lambengolmor, partirent également s’installer avec nous.
Grâce à l’aide de nos ouvriers, la place fut agrandie en puissant fort, digne d’accueillir comme il se doit le haut Roi des Noldor, son unique légitime héritier, ainsi que ses fils. Formenos, elle fut rebaptisée. Une grande salle aux trésors y fut aménagée, où furent entreposés tous nos bien les plus précieux. Parmi ceux-là, les Silmarils. Père s’était mis à craindre qu’ils puissent nous être un jour dérobés, et les priva jalousement à la vue de tous, même de Morifindo et de Sanwendur, et seuls son père, ainsi ses fils, étions encore autorisés à admirer leur éclat. À Formenos, nous ne manquions de rien. Pourtant, malgré toute sa splendeur, ce n’était pas là que j’avais grandit, et il n’y eut pas un jour sans que je ne pense à notre belle demeure de tirion, que mon cœur se languissait de revoir.
Malgré que nous pouvions toujours chevaucher dans la vallée environnante, Père n’aimait pas nous savoir trop éloignés. Également, bien que l’interdiction au sens stricte ne concernait que Fëanáro, aucun d’entre nous n’osait mettre les pieds à tirion. En tant que ses fils, nous étions considérés comme complices, et notre présence serait malvenue. Un acte de rébellion à l’encontre des Valar auquel je n’ai nulle envie de me risquer. Aussi, bien que la demeure de Mahtan se tenait à l’écart de la capitale des Ñoldor, nos rencontres avec notre mère était rares. Père clamait qu’elle nous avait abandonnés, et qu’elle ne méritait pas que nous lui rendions visites. Les années passées au sein de cette forteresse avaient finies par être étouffantes, et jamais je ne m’étais senti autant à l’écart.
Toujours en cours d’écriture. Navré pour le délai. J’ai été pas mal occupé ces derniers jours, mais je n’ai pas oublié la fiche, et ça avance à petits pas
©Finrod pour le Seigneur des Silmarils: l'Ombre de Morgoth