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La promesse de l'Ouest [Maedhros]

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Ilmarë
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MessageSujet: La promesse de l'Ouest [Maedhros] La promesse de l'Ouest [Maedhros] EmptyVen 3 Nov - 8:58


L'étrangère était arrivée à la forteresse de la Marche de Maedhros au milieu d'une nuit sans nuages, comme si ces derniers avaient décidé que les heures les plus sombres se devaient de faire briller les étoiles au plus fort de leur clarté. Les vents rigoureux de la Marche, couplés aux premiers frimas de l'hiver, l'avaient poussée à se vêtir d'épaisses pelisses à la robe brune d'où ne dépassaient que ses mains aux longs doigts cernés d'anneaux, façonnés d'un métal quelque part entre l'or et le bronze qui renvoyait doucement la lumière des flammes. De dessous sa pèlerine, assez grossière au demeurant, s'égaraient d'épaisses tresses d'un blond profond rare chez les Noldor. C'est d'ailleurs les artisans de ce peuple qui avaient forgé la longue lame battant sa cuisse, tandis que la lance effilée lui servant de bâton de marche paraissait plutôt porter la marque des armuriers Vanyar. Derrière sa silhouette brunâtre de fourrures venait un puissant alezan que le climat rude faisait froncer des naseaux : il n'avait aucun mors ni aucune selle, ni même de bride, mais ses sabots pourvus de fers cliquetaient parfois sur les pierres éparses du chemin. Une large plaie lui barrait un jarret, du vilain aspect que semblaient déjà laisser les cimeterres des orques à cette époque.

On l'avait arrêtée à l'entrée d'Himring, sans animosité mais avec méfiance. Tandis qu'on la sommait de se découvrir et se présenter, Ilmarë avait intérieurement soupiré : la dureté qu'elle lisait dans les yeux sombres des Noldor la désolait, bien qu'elle eut compris leur prudence mâtinée de défi. Eux-mêmes avaient trahi leurs frères d'Alqualondë et savaient les conséquences sanglantes qu'un manque de vigilance pouvait avoir - cependant, elle savait que ce qu'elle jugeait avoir été un coup de poignard dans le dos était probablement perçu comme un acte nécessaire dans le regard des gens de Finwë.
C'est en silence qu'elle avait supporté leur examen et leurs questions. Elle disait se nommer Calina, lumière dans la plus ancienne langue des elfes. Comme on l'interrogeait sur son parcours, elle choisit de répondre qu'elle venait de l'Ouest, comme eux, mais qu'elle avait vécu un temps au sein de la Maison de Caranthir - ceux-là, suivants du frère de Maedhros, qui s'étaient installés un peu plus loin sur les rives du lac Helevorn - et ce n'était pas un mensonge. Ce n'était guère la vérité non plus, mais Ilmarë répugnait à duper de but en blanc les Elfes qu'elle aimait.

C'était pourtant nécessaire. Les Noldor, elle en avait conscience, éprouvaient de la colère et de l'amertume pour les Valar. Sans en être une, elle était de la même espèce des Ainur, et ils avaient bien assez de fierté pour rejeter la main qu'elle souhaitait leur tendre. Or les fils de Fëanor avaient grandement besoin qu'on leur tende la main.

Elle avait vu les malheurs à venir.

Il lui fut demandé pour quelle raison elle se rendait à Himring ; elle leur répondit qu'elle avait une offre à faire à leur seigneur, une de celles dont il avait grand besoin. Les gardes répliquèrent qu'elle ne verrait pas Maedhros, du moins pas de sitôt, et que son message pouvait tout aussi bien être transmis à un de ses capitaines : elle déclina, s'attirant des regards encore plus sévères.
On finit par la laisser entrer, non sans lui enjoindre de confier ses armes au passage. Outre son épée au tranchant simple et sa lance, la prétendue Calina leur laissa une dague et dit quelques mots pour demander à ce que sa monture soit bien traitée et pansée : Hecilo, ainsi se nommait-il, l'Abandonné en vieil elfe, et avec une pointe de malice elle ajouta que les rigueurs de la Marche le rendaient d'humeur chatouilleuse. À la vérité, son alezan ombrageux la tolérait mais même blessé il jouait du sabot et des dents sans crier gare face à autrui, avec une roublardise plus proche de celle du coyote que de la gent équine. Elle ne doutait pas qu'au lendemain, un des palefreniers d'Himring traînerait la patte à peu près au même titre que sa monture.

C'est ainsi qu'Ilmarë pénétra dans la forteresse elfique du Nord, s'apprêtant à répondre à l'urgence dont elle avait été chargée.
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MessageSujet: Re: La promesse de l'Ouest [Maedhros] La promesse de l'Ouest [Maedhros] EmptyLun 6 Nov - 1:25


Les guirlandes stellaires semblaient émettre une fréquence apaisante ce soir-là, comme si elles vibraient à la manière de celles que l’on voyait sur un lac, bercées par la houle d’un faible courant. Elles paraissaient moins froides et leur halo lumineux plus ample, comme si leur régente leur avaient permis de se faire chandelles. Normalement, elles se seraient mérité les regards inquiets des voyageurs malencontreusement égarés, cherchant quelque indication cartographique dans les routes de la voûte d’Elentari. Or, cette nuit-là, elles accueillaient en leur sein les mères berçant leur enfant, les soldats au repos, les fantômes qui avaient choisi la demeure des Varda. Elles accueillaient aussi un seigneur, du haut de sa tour, qui contemplait le dos bossu de son royaume, un géant reptilien qui courbait l’échine vers le pays d’Ithil et d’Anor.

Maedhros regardait les cheminées d’Himring envoyer vers un monde bien plus froid les fumées des chaumières de sa cité-forteresse. Alors qu’il s’en était allé vers ses quartiers, plus douillets et mieux isolés, il fit cesser son pas militaire habituel, comme absorbé par la vue du monde nocturne que lui offrait le second étage de son palais. Son visage se résigna à mener jusqu’au bout l’affront de ses traits sévères contre la lueur d’Ithil, toujours sereine et inchangée depuis des âges. Les sourcils froncés, marques visibles d’une tension qui pesait sur son front, il sembla défier la paix de la Marche où tout semblait se figer l’instant de quelques heures glaciales et arides. Il déversa sur son royaume un torrent de préoccupations qui, sans surprise, n’eurent aucun écho dans le vide paisible des terres du premier rempart des Noldor. Vaincues, l’impatience et la froideur de l’Elda s’inclinèrent devant la force d’Ëa où ils se changèrent en une contemplation relâchée et spontanée. Curieusement, le guerrier se surprit à apprécier la détente de ses muscles faciaux qui s’abandonnaient à un monde plus profond que même les cernes que la rage avait creusées. Ce drôle d’échange était le résultat d’un événement singulier.

Tout commença lorsque la rencontre entre les différentes têtes dirigeantes de la Marche s’était déroulée comme prévue, fidèle à la manière de procéder ordinaire. De brefs échanges verbaux avaient ponctué une joute où s’affrontaient des érudits et des généraux, qui faisaient de la convivialité une bien lointaine légende. Tous, prudents et avenants, pesaient les mots qu’ils prenaient soin de jeter sur une trajectoire bien précise : un vol direct entre leurs gosiers et la fierté de leurs opposants économiques ou politiques. Par-dessus tout, l’essentiel pour eux était d’éviter la fierté, le doute, la méfiance ou encore la fatigue de Maedhros le roi, qui s’avéraient être des volcans actifs que même un innocent verbe arriverait à faire entrer en éruption. Ainsi, si le seigneur de la Marche ne prenait pas la parole, ne levait pas les yeux afin de trouver les leurs et se contentait d’écouter les différents arguments, le caucus était sauf. Comme d’habitude, la rencontre avait été assez brève, signe clair que les discussions avaient obtenu le sceau d’approbation royal sans fâcheux accident diplomatique.

Quand Maedhros s’était levé de son siège pour entreprendre l’ascension vers ses quartiers personnels, il avait pensé aux travaux qui s’étaient mis en branle et l’arrivée des réfugiés en provenance du Dorthonion. Là, la cacophonie d’idées qui se saisissaient de son esprit avait commencé, donnant le signal de départ d’une autre nuit d’insomnie où un guerrier ne devenait que la proie de souvenirs déguisés en spectres. À sa droite, sur sa taille à côté de sa jambe droite, le fourreau de cuir brodé d’argent portait son amie, Eressë, douce compagne dont la silhouette élégante suffisait à rappeler au Noldo la raison de la nuit solitaire qu’il s’apprêtait à passer : mieux planifier le lendemain afin de faire de celui-ci une journée où la défaite n’avait pas sa place.

En déambulant dans le corridor de pierre, un vieux réflexe que Maedhros avait le forçait à vérifier que la lame blanche et scintillante était toujours dans son étui, fidèle à son maître. Quand il succomba aux effets de sa vieille phobie et qu’il tira sur le manche de son épée afin de dévoiler le métal dans lequel elle était faite, il soupira lorsque la lame sortit de sa cachette, féminine et tellement belle à ses yeux. Comme un accro qui avait obtenu sa dose, le vétéran put presque revenir à ses pensées quand le reflet du ciel nocturne sur la face d’Eressë vint troubler son esprit.

Pensant alors que sa fidèle partenaire l’avait trahi, lui apportant le doute au lieu de la sécurité qu’elle lui administrait d’ordinaire, Maedhros plaqua son attention contre les cieux du nord qui étaient apparus sur la lame. S’il chercha d’abord à les affronter, dans son impulsivité ravageuse, il leur céda finalement du terrain, lui qui voulait comprendre pourquoi le ciel étoilé l’avait autant dérangé ce soir. Puis, tout à coup, un duo de gardes royaux qui partaient à un autre poste pour le prochain tour de garde passa juste en arrière de lui, alors qu’ils discutaient des hordes de réfugiés qui accourraient à Himring depuis les derniers jours. Entre un de leurs rires et un soupir d’exaspération, ils firent mention d’une voyageuse à l’allure singulière dont la monture avait blessé les palefreniers de l’écurie des gardes de la porte, la nuit dernière. Comme choqué, le roi d’Himring fit volteface et lâcha, sans révérence :

- Cette femme, je la veux dans la salle du trône immédiatement, messires.

Visiblement troublés, les deux sentinelles exécutèrent sans hésiter le salut royal et quittèrent les lieux après s’être inclinés dans l’ombre de leur seigneur dans le clair de lune.

Son épée, qui avait connu la terre des Puissances, vu leurs visages et, surtout, entendu leurs voix à travers les flammes blanches où elle fut forgée avait capté un message. Elle, elle comprenait toujours les mystères que recelaient la terre que les Valar avaient conçue et voyait dans le jeu des astres des lueurs de phares qui menaient vers des réponses. Elle, qui avait connu les mêmes guerres que Maedhros, n’avait pas un cœur que la mort pouvait rendre aveugle. Eressë, n’avait qu’un hröa d’argent que le sang ne tachait jamais et un fëa que les cris d’agonie ne corrompaient pas. Ainsi, l’artefact connaissait bien des mots dont Maedhros ignorait désormais l’existence ou interdisait l’utilisation. Chose certaine, le fils de Fëanor avait compris que cette dernière avait saisi une information clé, car la simple vue des étoiles avait suffi à déranger son instinct. Machinalement, sans réfléchir, il alla donc dans le sens de son intuition et laissa son sixième sens envoyer les gardes de son palais en mission spéciale.

Comme agacé, il se détourna de la nature morte du royaume de la Marche qui remplissait le tableau de sa fenêtre et refusa d’accorder plus de son temps à des esprits qui, il en était sûr, préféraient éviter de penser au sort de son peuple.
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Ilmarë
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MessageSujet: Re: La promesse de l'Ouest [Maedhros] La promesse de l'Ouest [Maedhros] EmptyLun 6 Nov - 9:21


Il s'écoula toute une journée après qu'Ilmarë eut passé la nuit de son arrivée à Himring. Le froid de la Marche avait poussé un tenancier noldo à lui ouvrir la porte de son établissement, lui qui avait été habitué à ne plus recevoir aucun voyageur suite au déchaînement d'Angband.
Au matin, elle ne manqua pas de le remercier après s'être séparée de quelques-unes de ses rares pièces, avant qu'elle ne se mette à déambuler lentement dans la cité. C'était une forteresse autant qu'une ville, et la Maia se surprit plus d'une fois à sourire sous sa pèlerine en constatant que malgré toute la haine de Morgoth et malgré que ces elfes se tinssent à sa porte, la vie se poursuivait envers et contre tout. Elle voyait parfois de jeunes gens échanger des gages d'affection avec la solennité attachante des Premiers Nés, ce qui correspondait peu ou prou aux baisers volés des adolescents humains. Si la plupart des sujets de Maedhros arboraient un air sévère, elle pouvait entendre résonner de temps à autre un rire sincère ; elle remarqua la hâte avec laquelle une boulangère enfourna un morceau de son propre pain dans la bouche, afin que sa gourmandise passât inaperçue.

Oui, à l'abri des hautes murailles et derrière la silhouette des sentinelles, le peuple d'Himring vivait.

Et pourtant. Ilmarë ne pouvait pas s'empêcher de songer à ce que ce monde aurait dû être ; à ce qu'il pouvait encore - quoique difficilement - devenir. Une terre de lumière et de beauté, touchée par la grâce des Ainur et baignée dans le printemps immortel de Valinor...
Elle sentait trépider au fond de son être une étincelle de rage ne demandant qu'à s'embraser. La guerrière inspira profondément l'air glacé du Nord et gagna les escaliers menant à l'enceinte du bastion, sous le regard méfiant des gardes en faction. Montant les degrés deux par deux, elle vint s'accouder aux créneaux et de là, balaya les étendues fouettées par les vents de son regard d'argent.

« Ne vous inquiétez pas » murmura-t-elle après un moment de silence. Ses paroles, douces mais résolues, s'en allèrent portées vers l'Ouest lointain. « Je ne les abandonnerai pas. »

* * *

Le soir était déjà largement tombé lorsqu'on vint la trouver à l'auberge. Deux soldats qu'accompagnait le propriétaire, et à voir l'expression de ce dernier il se demandait visiblement si son hôte n'était pas du genre à causer des problèmes ; il était vraie que l'heure était indue, même pour une race qui aimait les étoiles.

Ilmarë ne répondit que par le geste aux intimations des gardes, quittant la tablée où elle s'était abîmée dans ses pensées pour les suivre jusqu'au dehors, puis le long des avenues désertées d'Himring.

La citadelle proprement dite, siège du pouvoir du maître des lieux, ne tarda pas à se dresser devant eux. La Maia s'accorda le plaisir d'en détailler un instant l'architecture, et si on y retrouvait l'austérité qui semblait plaire aux gens de Maedhros, sa sobriété même se parait d'une subtile élégance non dépourvue de menace, bardée qu'elle était de flèches obscures et de tours épaisses. On était loin ici des Mille Colonnes de Menegroth : l'aîné de Fëanor était un prince guerrier et il ne s'en cachait pas.

Ses guides l'emmenèrent à l'intérieur, traversant maints corridors qu'un homme aurait trouvé chichement éclairé, mais que les yeux des Eldar balayaient sans peine. Jusqu'à ce que finalement, après un dernier coup d’œil comme pour l'inciter à bien se tenir, l'on ouvrît finalement deux lourdes portes devant Ilmarë.

C'était une salle du trône, ni plus ni moins, et de belles dimensions avec ça ; des bannières rouge et or en habillaient les murs. Si l'on avait fait la concession aux convenances d'ouvrir sur les côtés de la pièce de grandes fenêtres en ogive permettant à la cour - ou l'état-major, si on se fiait à la réputation de Maedhros - d'avoir sous les yeux la ville dont ils avaient la charge, il n'en restait pas moins que la pierre d'ici était aussi massive que celle des murailles. Celui qu'elle était venue voir attendait sur son siège, comme si l'objet et son occupant avaient tous deux été taillés dans le granite.

Elle fit quelques pas qui résonnèrent, ses yeux d'argent étincelant au mieux dans les ténèbres - ainsi en faisaient les étoiles. Et elle les rivait au maître des lieux.

« Une étoile brille à l'heure de notre rencontre, mon seigneur. » C'était une formule traditionnelle chez les elfes, et elle l'employa dans la langue des Noldor qu'ils étaient les seuls à avoir conservé en Beleriand. Un mince sourire pétilla un instant sur ses traits autrement sérieux, comme si elle venait tout juste de glisser une plaisanterie. « Vous ressemblez de plus en plus à votre grand-père au fil du temps. »

C'était de lui - du côté de la branche maternelle - que Maedhros tenait sa crinière en sang lui ayant valu le surnom du Couronné de cuivre. Et à choisir, quoique un tel jugement pût paraître dur, Ilmarë préférait qu'il tienne du sang de sa mère plutôt que de celui de son père.

Tous deux - comme tous les Noldor - venaient d'Aman où ils avaient déjà pu s'apercevoir ; mais sur les Terres Immortelles on  la connaissait comme une présence, un esprit autant qu'un corps, une silhouette toute de nacre et flanquée d'une lumière paisible. Elle était d'ailleurs moins souvent à Valinor qu'au Beleriand, même bien avant le vol des Silmarils, car elle avait toujours eu à cœur toute la race des elfes et ne supportait pas les torts causés à ceux qui étaient restés par-delà la grande mer.

Ainsi, la ressemblance entre Calina et Ilmarë ne tenait guère qu'à leur regard, du moins à l'extérieur.

« Je suis heureuse que vous m'ayez reçue. » Évidemment, elle ignorait qu'on ne lui avait pas transmis sa requête, et supposait qu'il avait à l'esprit qui elle était - telle qu'elle s'était annoncée - et ne s'embarrassait guère de se présenter une seconde fois. « Est-ce donc que vous consentez à entendre ma demande ? »
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MessageSujet: Re: La promesse de l'Ouest [Maedhros] La promesse de l'Ouest [Maedhros] EmptyMar 7 Nov - 18:40


« Une étoile brille à l'heure de notre rencontre, mon seigneur. »

À l’extrémité de la salle qui était souvent aussi froide que les audiences qui s’y tenaient, une silhouette féminine était apparue, exactement comment l’avait demandé le seigneur des lieux. Encapuchonnée, elle lévitait tel un fantôme dans l’obscurité de la nuit sur une longue toile écarlate qui avait mené par le passé bien des sujets à un roi trop peu bavard. Quand elle s’avança et outrepassa une limite bien évidente pour les gens des lieux, mais visiblement inexistante pour la voyageuse, deux gardes vêtus d’un apparat dénotant leur haute fonction mirent fin à l’ignorance de la nouvelle-venue. Une main sur chaque épaule, ils interrompirent son pas et ne prononcèrent pas un mot, bien que le cliquetis de leurs armures suffit à communiquer leur nécessaire. Si une étoile brillait sur leur rencontre, elle était bien cachée derrière un nimbus de doute et de méfiance.

Maedhros était tenu dans une position de spectateur par son trône rectangulaire, qui était plutôt un symbole de sa droiture qu’un siège où il pouvait s’installer confortablement. Comme des phares dans le lointain, il avait plongé ses yeux dans ceux de l’inconnue qui illuminaient l’endroit presque autant que le faisait son visage. Comme saisi d’un malaise, Maedhros fronça les sourcils, puis détourna le regard vers un mur, une fenêtre ou un meuble qui se trouvait dans un lieu où il pourrait reprendre ses esprits. Quand il crut que la fatigue lui jouait peut-être des tours, la femme s’adressa à un petit Maedhros qui était caché dans les profondeurs d’une forteresse que le temps avait érigée autour de lui. Ce qu’il entendit le perturba.

« Vous ressemblez de plus en plus à votre grand-père au fil du temps. »

Qui était-elle ? Qui osait venir à Himring, lasse d’une route de dangers et de solitude, pour s’adresser à lui ainsi ? Sous quel prétexte venait-il lui parler de sa famille ? C’est alors que Maedhros comprit finalement la nature de cet échange, alors que les termes de l’addition se firent plus clairs dans son esprit. La lueur de ses yeux, le message dans les étoiles, son commentaire sur sa famille, sa facilité à pénétrer dans la citadelle et à se tenir devant lui comme si de rien n’était. Quand le roi de la Marche réalisa la nature de la situation, les braises d’une colère qu’il avait enfoui sous un épais monticule de cendres se firent soudainement brûlantes. Même si un tison lui brûlait les cordes vocales, orgueilleux, il ne broncha pas, cependant, et continua de tolérer les mots que la femme prononçait comme des jurons à ses oreilles.

« Est-ce donc que vous consentez à entendre ma demande ? »

Sans pouvoir y faire quelque chose, Maedhros, qui était avant tout un homme de terrain, un guerrier de front, plutôt qu’un souverain réfléchi, quitta son piédestal avec une impulsivité pour laquelle il était désormais infâme. D’un pas lent et presque arrogant, il alla à la rencontre de l’être qui perpétrait un affront dans sa citadelle, elle qui avait effectué, apparemment, une demande au roi par sa simple présence.

Quand les reflets de la lune avaient glissé le long de son poitrail plaqué de rouge et d’argent pour se jeter à nouveau dans le néant, le seigneur de la Marche était assez proche de son interlocutrice pour sentir ce feu bien particulier qui brûlait en elle. Il la reconnaissait. Il voyait en elle son histoire et le lieu de sa naissance, sa famille et les seigneurs auxquels elle répondait. Or, aucune de toutes ces constations ne l’aidait à comprendre l’augure qui s’était révélée à lui sur le reflet de sa lame quelques heures plus tôt.

- Est-ce que les Teres de l’Ouest sont si peu clémentes que les étoiles décident se faire ombres ?

Maedhros était là devant la femme, étouffant la lumière de son visage qui perçait l’obscurité du déguisement qu’elle revêtait, tel un brasier dans une crevasse qui consumait les lumières célestes venues d’en-haut. Comme si son honneur venait d’en prendre un coup, il était dégoûté à l’idée que les Puissances infiltrent sournoisement son royaume, elles qui avaient maudit les siens et toutes leurs entreprises. Fenêtres sur des plaies ouvertes de son âme, ses yeux s’incendièrent.

- Vous qui semblez si bien connaître mes pères, pourquoi ne pas être restée près d’eux dans les cavernes obscures où leurs âmes sont esclaves d’un Vala tout aussi maudit que celui du Nord ?


À ce point, son désir de compréhension était violemment assaillit par une vieille colère que la vue d’un être de l’Ouest, fourbe et déguisé, lui provoquait.
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MessageSujet: Re: La promesse de l'Ouest [Maedhros] La promesse de l'Ouest [Maedhros] EmptyMar 7 Nov - 19:26

Nous l'avons dit, la colère n'était pas étrangère à Ilmarë : en d'autres occasions, elle aurait pu s'interroger sur le parallèle qui existait entre elle et la race qu'elle prétendait protégeait, toutes deux habitées par cette fougue orgueilleuse qui pouvait aisément pousser à la querelle. Mais celle que Maedhros lui cherchait, elle ne pouvait que la subir et non y répondre.

Comment l'aurait-elle pu ? Médusée d'avoir été si aisément percée à jour, quelque peu perdue devant l'animosité dont elle était l'objet - ce n'était pas faute, pourtant, de s'être méfiée du caractère ombrageux des Noldor en général et de la maison de Fëanor en particulier, bien qu'elle considérât de toute la fratrie l'aîné comme le plus raisonnable de tous -, elle ne trouvait rien à opposer aux accusations que le maître des lieux, spontanément, lui jetait à la figure. Par le verbe et le geste.

Doucement, elle repoussa les mains néanmoins fermes des gardes. Les dernières paroles subsistèrent dans l'air de la pièce qui lui semblait soudain bien froid, mais plus violemment encore ils résonnaient dans son esprit.
La souffrance était réelle. Ilmarë aimait les elfes, d'un amour pur et séculaire : la rage mêlée de mépris qu'elle lisait dans les yeux auburn du prince lui causait plus de mal qu'un coup de poignard. Et néanmoins, finalement, elle lui sourit.

Un sourire douloureux. Elle amorça le geste de tendre les doigts vers la joue du guerrier qui la dominait de sa haute taille, avant de l'interrompre à mi-chemin : probablement n'était-ce pas avisé.

« Si les ombres vous irritent à ce point... » chuchota-t-elle.

La mascarade n'était donc pas nécessaire. Lentement, comme on laisse tomber une cape, la Maia abandonna son déguisement.
C'était un phénomène qu'on devinait plus qu'on ne le voyait : il y avait tout à coup plus de présence émanant d'elle, une impression de pureté et d'évanescence comme si l'elfe blonde n'était pas tout à fait de ce monde, sans qu'on puisse vraiment s'expliquer ce sentiment. Cette aura était ancienne et pour étrange qu'elle puisse paraître, elle s'accompagnait d'une intime bienveillance.

Le privilège des Ainur était de pouvoir s'adresser à autrui par l'entremise de la pensée. C'est ainsi qu'elle choisit de répondre à Maedhros, sans l'y forcer, faisant miroiter à la lisière de sa conscience des images qu'il n'appartenait qu'à lui de saisir ou de rejeter : elle lui montra, en l'espace d'un seul éclair, les longs millénaires qu'elle avait passés à lutter au Beleriand contre la main-mise de fer de Morgoth. Une longue errance entrecoupée de brefs moments de répit, l'emmenant parfois en des lieux sans espoir, en des endroits dépourvus de la lumière qui pourtant lui était aussi chère que l'air ou l'eau pour les êtres de la terre ; elle lui montra les combats menés, les victoires arrachées de haute lutte ou les défaites essuyées face aux plus terribles des monstres d'Angband. Elle lui montra les cicatrices qu'elle ne portait que dans son âme : et lui partagea, en pensée toujours, la résolution infaillible qui la poussait à être prête à refaire mille fois les mêmes sacrifices, parce qu'elle aimait Ëa et qu'elle aimait davantage encore les Eldar. Elle lui ouvrit la mémoire de son cœur, très brièvement, lorsqu'elle avait entendu l'appel de Fingon adressé à Manwë, et qu'à ce moment Varda se tenait à ses côtés et que les étoiles lui avaient retransmis la supplique de l'elfe pendant qu'elle chevauchait au Beleriand : elle tremblait encore de ce souvenir, de ces mots qui l'avaient déchirée - « Trouve quelque pitié pour les Noldor dans leur malheur ! ».

Quelque pitié pour les Noldor.
Ilmarë, derrière son visage neutre, ses yeux d'argent, débordait de pitié.

Tout ceci, tout ce qu'elle lui offrit en vision, ne dura pas plus longtemps qu'un souffle.

« Vous n'êtes l'esclave d'aucun Vala, seigneur du Nord, ni vos aïeux. Aucun Elda ne l'est, sinon ceux que Morgoth a corrompus. Nous vous avons invités en Aman : ceux qui furent libres de refuser restèrent de ce côté-ci de la mer, » énonça-t-elle d'une voix feutrée, « et ceux qui furent libres d'en partir revinrent de ce côté-ci de la mer. C'est ce que vous avez fait, contre tous nos avertissements. »

Elle tourna la tête pour jauger les autres Noldor de la pièce. Dans ses mots on pouvait aisément discerner le regret, mais aussi une forme de détermination, comme si elle avait depuis toujours choisi de les accompagner même dans leurs erreurs.

« Et néanmoins me voici, car je ne saurai vous abandonner. Supportez-vous seulement ma vue, Maedhros ? »

Une nouvelle fois elle esquissa le geste de lui toucher le visage, et une nouvelle fois elle s'interrompit à mi-parcours. Mais sa paume, cette fois, ne retomba pas.

« Je suis venue vous porter secours, car vous en avez besoin. J'ai... » Quelque chose en elle se fêla à cette seconde. La Maia trembla presque imperceptiblement : ce n'était pas cette fois le frisson d'un être ému, mais d'un être dont la foi vacille. Et elle se reprit. « J'ai vu ce qui s'apprête à ébranler ce monde. Vous avez dévisagé le mal plus près que n'importe qui d'autre : vous savez de quoi il est capable car vous en avez exploré les profondeurs. Ne refusez pas la main que je vous tends. »

Et celle-ci était toujours entre eux deux, trop prudente pour l'effleurer, trop aimante pour s'éloigner.
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MessageSujet: Re: La promesse de l'Ouest [Maedhros] La promesse de l'Ouest [Maedhros] EmptyMer 8 Nov - 17:45


« Si les ombres vous irritent à ce point... »

Comme les premiers rayons du soleil qui percent l’horizon et forment des faisceaux jusqu’aux confins des dernières cachettes d’Ithil, comme un feu que l’on aperçoit à travers une dense obscurité, un éclair argenté illumina la salle du trône. Maedhros, ébloui, fit quelques pas en arrière tellement la seule présence de ce rayonnement assaillaient ses sens qui appelaient au secours. Quelqu’un d’autre aurait crié à l’aide et prié les Valar pour leur miséricorde, mais le Noldo savait qu’il ne pouvait rien changer à cette lumière, qu’elle s’imposait dans sa citadelle comme bon lui semblait. Aussi, il la connaissait bien. Il avait vu cette lueur, ce doré kaléidoscopique dans les fleurs et dans les cieux vers lesquels leurs corolles tendaient, alors qu’il jouissait d’une enfance encore paisible. C’est à ce moment, alors que cette lumière lui terrassait les iris qu’il fit un bien pénible constat : jamais au grand jamais n’avait-il été aveuglé par elle par le passé. Les années de l’aube de sa vie n’étaient-elles que lointains mythes, désormais ?

Quand il ferma les yeux, claquant ses paupières l’une contre l’autre dans un honteux rictus de douleur, il ne les rouvrit que pour être transporté dans un lieu où le temps n’était plus le même. D’abord, les murs de sa citadelle semblaient être peints des tapisseries et ornements de sa demeure à Formenos où rebondissaient frénétiquement les rires de ses frères. Puis, par les grandes fenêtres, il fut aspiré dans l’immensité qui appartenait à la Vala Elentari. De là-haut, il voyait Arda bercée des douces lueurs de la nuit, œuvre millénaire de la dame des étoiles. Soudainement, comme la foudre qui frappait, la canopée stellaire perdit une de ses fleurs qui s’écrasa sur le sol. Alors, il aperçut la voyageuse qui, telle une mue, se défaisait de ses parures célestes à mesure qu’elle encaissait des coups.

Maedhros fut saisi d’une sorte d’écœurement profond, comme si son esprit ne pouvait absorber toute cette information d’un trait. Bien qu’il eut senti que la Maia n’était pas hostile, il fronça les sourcils plus chargea en sa direction tellement il voulut la saisir et l’expulser lui-même hors de chez lui, de sa tête.

« Et néanmoins me voici, car je ne saurai vous abandonner. Supportez-vous seulement ma vue, Maedhros ? »

Au moment où il allait l’agripper, une profonde douleur à l’estomac le plia en deux. Aussitôt, son bras amputé devint aussi chaud que la pierre sur laquelle son corps nu avait été trainé, fouetté et mutilé alors que les crachats des orcs étaient la seule chose sur laquelle il aurait pu s’abreuver. À ce moment, il vit le vide se dérober sous ses pieds et hurla de douleur, car la mémoire de la détresse était encore bien gravée dans sa chair et dans sa gorge. À bout de souffle, il se releva de peine et de misère quand dans ses visions il ne voyait plus que l’azur au-dessus de lui et ne sentait plus que la main d’un ami le caressant sur un lit de plumes. Là, il aperçut le long drap de sa cours au plancher et les dalles de pierre à travers sa longue chevelure qui avait envahi son champ de vision. Lentement, comme un prisonnier qui était contrait de regarder son bourreau, il souleva sa tête avec les forces qu’il trouva de disponibles.

« J'ai vu ce qui s'apprête à ébranler ce monde. Vous avez dévisagé le mal plus près que n'importe qui d'autre : vous savez de quoi il est capable car vous en avez exploré les profondeurs. Ne refusez pas la main que je vous tends. »

L’Elfe, blessé dans son for intérieur par un être dont la nature ne connaissait pas les barrières qu’il avait érigées, se résigna à ouvrir le dialogue. Comme un général que l’on exile, Maedhros eut envie de se faire de roi, mais l’amertume de la honte dans sa bouche l’empêcha de donner ordre ou commande à qui que ce soit. La réalité était une bien violente vérité : la grandeur des Eldar d’Aman tarissait et le destin auquel il croyait avoir été voué jadis n’était plus qu’une fantaisie perverse. Tout seul, à terre, il ne voyait que le reflet de son âme, celui d’un jeune homme qui avait toujours cru garder l’honneur sur son nom. Il ne voyait qu’un garçon que le monde avait tiraillé alors que ce dernier n’avait que voulu garder sa famille près de lui.

Alors, comme si une voix dans le lointain, profonde et prophétique, s’adressait directement à lui, il se rappela la véritable mission qu’il avait fait sienne. Il se souvint qu’on l’avait mis en garde contre l’ouest, contre les Puissances qui utiliseraient les Noldor pour arriver à leurs fins. Il se souvint comment sa famille dut partir seule, alors qu’elle avait façonné la terres des Valar et fait pour eux des palais plus somptueux. Ainsi, quand il essaya de se remettre sur pied, mais qu’il trébucha en tentant de prendre appui sur son moignon, il se rafraîchit très vite la mémoire : il était seul.

Le feu qui brûlait en lui prit la parole :

- La seule main qu’il me reste est celle qui est sur la garde de mon épée.

De nouveau comme une montagne que même le regard de Varda n’aurait pas suffi à faire reculer, il se plaça près de la Maia qui l’avait tout juste désarmé.

- Comment une Ainu, qui est bien consciente du serment de ma famille peut venir volontairement s’interposer entre les miens et ce dernier ? De quelle manière pouvez-vous m’être d’une quelconque aide, dites-moi ?

Sur le point d’exploser, il serra les poings, ce qui fut suffisant pour que son aura s’enflamme et fasse déguerpir les gardes qui connaissaient la furie de leur seigneur. De très près, il sentait, contre son gré, sur la peau miroitante de la Maia le parfum d’Aman, douceur sur laquelle il avait dû mettre une croix il y avait longtemps. Ni effrayé, ni soumis, Maedhros portait l’ombre de son père comme une cotte que quelques mauvais cauchemars que lui offraient un Ainu ne perceraient pas.

- Vous ressemblez davantage à celui qui m’a dépossédé de tout… qu’à l’une des nôtres.
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MessageSujet: Re: La promesse de l'Ouest [Maedhros] La promesse de l'Ouest [Maedhros] EmptyJeu 9 Nov - 17:21


Il y avait un goût d'échec dans ce que la vision d'un Maedhros à genoux devant elle lui inspirait. Ilmarë ne comprenait pas la souffrance, presque physique et palpable, que sa présence semblait inspirer à l'elfe ; malgré elle encore, la Maia manqua poser la main sur son épaule pour l'aider à se relever et une nouvelle fois encore, elle s'interdit un geste qui pourtant s'imposait à elle.

Elle ne répondit pas à l'affront, gardant le silence un instant. Ses yeux s'égarèrent sur le vide nouveau de cette salle du trône enténébrée, abandonnée par ses gardes qui fuyaient la colère de leur maître. Était-ce ainsi qu'il souhaitait diriger les siens ? Cette question qui l'assaillit, elle la lui rejeta d'un seul regard, d'avertissement plus que d'accusation. Elle avait espéré que la malédiction de Fëanor pèserait moins lourd sur les épaules de celui qui avait fait un geste pour rassembler les Noldor, mais en cette heure, elle voyait bien combien il était consumé par elle. Était-il encore temps de l'aider ?

« Je ne me suis jamais interposée entre vous et quoi que ce soit, sinon Morgoth. Quoique pas autant que nous l'aurions tous deux souhaité. »

Ilmarë voyait d'ici la bouffée d'indignation, sinon de rage, que ces paroles risquaient d'inspirer au prince. Bien sûr qu'aucun Ainu n'avait été présent pour empêcher le Noir Ennemi de forcer le trésor de Formenos et tuer Finwë, haut-roi des Noldor. Longtemps elle s'était reprochée de n'avoir su être là, tout en se moquant de sa propre vanité ; elle n'aurait rien pu prévenir, mais à tout le moins se sentirait-elle moins coupable. La perte des Silmarils lui était cependant moins pénible que la douleur tragique qu'elle avait inspirée aux Eldar.

« Vous-même savez bien que ressembler à vos frères ne vous empêcherait pas d'en faire couler le sang. » Il y avait là une cruelle vérité qu'il n'était probablement pas nécessaire de rappeler ; mais si Ilmarë était capable de rancune envers les elfes qu'elle chérissait, c'était peut-être bien celle-là. Le massacre d'Alqualondë, où ses protégés s'étaient entre-tués. « Si vous ne trouvez pas de bienveillance pour moi dans votre cœur, au moins, jugez-moi sur ce que je fais pour vous plutôt que ce que vous auriez souhaité que je fasse. Voyez plutôt. »

Une autre vision laissée à la porte de l'esprit du Noldo.

Un frisson, pesant et glacé, comme seule l'eau profonde et obscure des lacs en est capable. L'ondée qui se rappelle des cris de douleur, du poids des corps qui choient en son sein, du sang qui se marie à elle. Et parmi tout ce qui s'abîme sous la surface, une chose... de pouvoir...

La voix d'Ilmarë rompit le sort, distraction mélodieuse après l'illusion du massacre.

« Non loin d'ici repose le lac Helevorn.  Votre frère en revendiqua les rives il y a quelques temps, avant d'en être chassé ; j'y ai brièvement résidé, bien qu'alors, il fit preuve de moins... d'intuition que vous. » Un léger sourire effleura ses lèvres, qu'elle effaça rapidement au profit d'une expression de gravité. « Il lui fut confié alors un objet, une arme contre l'ennemi, qui fut abandonnée en même temps que la forteresse de Caranthir. Il est encore temps de la reprendre. »

Elle fit quelques pas en s'éloignant de son interlocuteur, s'approchant des fenêtres donnant sur la ville et le ciel étoilé. La guerrière conserva le silence un moment, perdue dans sa contemplation des choses, avant qu'elle ne détourna sur lui un regard de côté.

« C'est dangereux. Ces terres ne sont plus aux elfes mais aux orques, et une troupe attirerait leur attention, aussi est-ce une mission à remplir en petit nombre. Mais s'il vous reste la moindre considération pour la parole des étoiles, sachez que vous n'avez guère le choix : il vous faut vous préparer à ce qui s'apprête à resurgir en ce monde, et ceci vous y aidera. »

Elle ignorait comment sa requête allait être reçue. Elle ignorait si l'orgueil de la maison de Fëanor allait précipiter les Noldor à la ruine ; mais quand bien même, elle accepterait leur destin comme s'il était le sien. À pas mesurés la Maia se rapprocha de l'elfe à la crinière en sang et tendit les doigts pour effleurer l'armure qui lui bardait le poignet. Un simple contact, dans lequel elle instilla le souvenir parfait des Terres Immortelles, leur éternelle beauté, qui deviendrait un jour celle d'Ëa si Morgoth en était chassé.

« Cessez de croire que vous êtes seul, Maedhros. Quelles que soient vos décisions, ce ne sera jamais le cas. »
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MessageSujet: Re: La promesse de l'Ouest [Maedhros] La promesse de l'Ouest [Maedhros] EmptyLun 13 Nov - 0:51


« Si vous ne trouvez pas de bienveillance pour moi dans votre cœur, au moins, jugez-moi sur ce que je fais pour vous plutôt que ce que vous auriez souhaité que je fasse. Voyez plutôt. »

Et vint sans prévenir une vision toute aussi vivide et réelle que la première qui l’avait jeté au sol, faisant de lui un navire à la merci du temps que la Maia choisissait comme climat de son esprit. Une marée glaciale réclamait désormais l’étendue de la peau du roi du Noldo, pendant que sa vue était réduite à néant, comme si on submergeait sa tête dans un étang oublié par Ulmo au sein d’une des cordillères d’Aule. Alors qu’il se sentait peu à peu tiré vers le haut, on lui tendait, dans sa vision, des mains gantées et des regards horrifiés, figés dans la détresse et la mort. Quand son esprit trouva finalement la surface, au point où le sang de ses veines avait déjà commencé à se mêler aux eaux fatales, un cri d’horreur le transporta à nouveau dans la salle du trône. Comme pour délimiter la limite du réel et du temps, une âme du passé, dont le corps avait été emporté violemment, l’avait fait reprendre ses esprits par sa voix.

Maedhros, bouche bée face à l’Ainu qui faisait de la tête de l’Elda un terrain de jeu, écouta abasourdi les grandes lignes du récit de cette dernière. Un frisson lui parcourut l’échine au moment d’entendre le nom de son frère, qu’elle prononça avec une justesse telle qu’il était facile d’être dupe et de croire que la Maia était l’une des leurs. L’aîné de la Maison de Feanor, qui serra à nouveau les poings, comprit, cette fois, qu’il était inutile de s’emporter davantage, d’incendier plus d’air qu’il n’en avait autour de lui. Ainsi, peu à peu, il semblait que le côté stratège qui constituait une partie de son identité se fit de plus en plus présent, comme un conseiller qui cherchait à réclamer sa place dans la discussion. Également, de nouveaux facteurs, d’une importance capitale venaient visiblement de faire leur apparition. L’esprit à vif et l’intuition à fleur de peau, le seigneur de la Marche comprit que cette soirée était la première page d’un récit qui n’était pas que le sien. Les mises en garde de la Maia, son arrivée subite et totalement inespérée, la confiance aveugle qu’elle semblait avoir envers lui, son désir, voir son puissant besoin de lui porter secours étaient les signes de quelque chose de plus grand. Or, il était impossible pour Maedhros de croire qu’il puisse y avoir quelque chose, quelqu’un ou quelque événement en ce monde impitoyable qui eut été plus fort que la colère qu’il portait à l’intérieur de lui.

Une chose était sûre, c’était que le roi de la Marche, protecteur de ceux qui honoraient la parole de son père, plus grand des Noldor en Beleriand, ne pouvait pas ignorer et laisser partir la Maia comme elle était venue. Cette entité qui revêtait le visage d’une Elfe avait en sa possession des informations trop dangereuses qui, même fausses et inventées de toutes pièces, auraient suffi à déclencher des conflits majeurs. Rien qu’à penser au pouvoir des visions qu’elle lui avait instillées, Maedhros voyait déjà venir le pire. Qu’arriverait-il si les autorités de la Marche laissaient en liberté une Ainu chez les Hommes ou les Orques ? Après tout, leur devoir n’était-il pas de s’assurer de la sécurité des peuples du Beleriand en formant le premier rempart contre l’Ennemi ?

De toute évidence, le Noldo n’arriverait pas à comprendre totalement la nature de son interlocutrice en ne faisant que l’observer. Son déguisement, son masque et son maquillage étaient tellement convaincants, tellement vrais qu’il aurait pu croire voir une fière représentante de sa race. La lueur de son visage et de ses yeux, elle, rappelait le feu paisible qui avait à une époque brillé dans les cieux au-dessus de sa demeure d’antan.

Dans une démarche lente et confiante, elle s’approcha de lui afin de porter ses doigts à son bras amputé, contact à travers lequel resurgirent d’autres images dans son for intérieur. Un pré, une brise qui soulevait de parfums enivrants et des lumières diffuses qui bourgeonnaient à ses pieds. Mais Maedhros se secoua la tête et ferma les yeux, puis s’inclina devant la dure réalité qui, telle un tyran, lui rappelait qui était le patron. Quand il porta son regard vers la femme, elle était plus proche de lui qu’aucune femme ne l’avait été de toute sa vie, depuis sa mère. À travers la danse des flammes qui embrouillaient le regard du Noldo au furieux et imprévisible caractère, la douceur et la bienveillance de la Maia se faisaient visibles. Maedhros, comme pris au dépourvu, la ressentit.

Celui qui ne connaissait ni les compromis, ni la gentillesse, eut toutefois une réponse pour celle qui était venue troubler sa nuit.

- Votre parole est un bien dont la valeur, à l’intérieur de ces murs, reste à prouver. Vous possédez bien des pouvoirs, j’en conviens, mais vous n’avez ni ma confiance, ni ma gratitude.

Comme le seigneur considérait qu’il avait repris le dessus sur la situation, il se sentait près à clore l’échange. Sans adresser un regard ou quelconque considération, sans une expression ou une manifestation corporelle, il fit volte-face et s’en alla en direction de la tour par laquelle il accédait à la salle du trône.

- J’irai à Helevorn avec vous. C’est une affaire de famille, j’en ai l’habitude.

Juste au moment où il allait disparaître dans le couloir ascendant, il lâcha un dernier jugement pour la nuit.

- Je n’ai pas besoin de vous ici. Je ne veux pas que vous me parliez de solitude, de pardon ou d’espoir.

Il prit une pose, alors que sa gorge se noua dans une tension qu’il avait lui-même disposée là.

- Je veux que vous restiez dans l’enceinte de cette forteresse avec la garde que je vous assignerai et ce, jusqu’à ce que nous partions. Je veux trouver l’arme que vous avez mentionnée.


Comme un feu que l’on éteint avec un drap, Maedhros disparut, enveloppé par sa cape et par l’obscurité de son bastion.
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